The final countdown ou presque...

Publié le 9 avril 2007 par Aurélie et ludo

Je me rappelle mes 10 ans. Je n’avais pas de radio cassette à moi et j’avais pour habitude d’aller m’installer dans la Lada beige de mon papa pour écouter mon groupe préféré.
Le chanteur criait à toute berzingue et à qui voulait l’entendre : « It’s the final countdown ! ». Et moi de remuer les pieds, la tête et de battre la mesure sur ce rock pop d’un groupe qui s’appelle Europe.
C’est bizarre, et les choses de la vie sont parfois bien faites, mais 20 ans plus tard j’y suis à nouveau… The final countdown. Europe !
Je sais, on met des liens ou on peut. Et c’est peu de le dire… Mais là j’ai vraiment enclenché le compte à rebours final vers mon continent.
Plus que quelques mois, que dis-je, quelques semaines, et l’avion décollera du tarmac philippin pour nous ramener vers la France et la Belgique.
Bon, bon, bon… Ca fait des mois qu’on vous a pas écrit. Je vais pas m’excuser, mais je pense pouvoir vous présenter quelques explications logiques qui vous permettront d’exercer votre pleine mansuétude à notre égard… Et comme dirait le curé avant la collecte pour la paroisse : « D’avance, je vous remercie ! ».
La première est le nombre de péripéties positives et négatives, remuantes physiquement et psychologiquement, qui ont émaillées Janvier et Février. La deuxième est en lien direct avec la première: le manque de temps nécessaire à la réflexion et la prise de distance permettant un récit concis de cette expérience aux Philippines et à Virlanie. La troisième est toute simple : l’échéance du départ est maintenant beaucoup plus proche dans le temps que la date de notre arrivée à Manille. Et le besoin de communiquer dans l’immédiat se fait du coup moins pressant, sachant que l’on va bientôt vous revoir… Bon comme ça, c’est dit !

Par ou commencer ?

Janvier a démarré sur les chapeaux de roues… Après un mois de Décembre tout dévolu à l’anniversaire du copain Jésus, avec une tournée de spectacles digne des Misérables et autres Starmania en bidonvilles, on a tous commencé 2007 sur la plage à Mindoro.
Un régiment de volontaires prenant d’assaut Talipanan beach pour une soirée de réveillon qui restera éthiliquement gravé dans les mémoires. Une belle fête, qui se terminera zutement par une prise de bec avec les patrons du ressort qui voulurent palper malencontreusement des dollars que je n’avais pas… Quoi qu’il en soit, une belle fête et un super groupe de volontaires, que je salue tous au passage !!!

Deux semaines plus tard, nous voilà dans les préparatifs du mariage de l’ami Fabien et d’Elmira. Accueil des parents et amis du marié, préparations des décorations, achats des habits de cérémonie, négociation du vin et départ vers La luz, près de Batangas pour une cérémonie pleine d’émotion.
Le mariage s’est déroulé au crépuscule, le long de la plage baignée par une marrée montante et orange d’un soleil couchant. Deux familles émues, des nés qui coulent et des yeux qui se mouillent quand les cœurs se serrent. De l’interculturel, du beau, du vrai, du tendre !!! Et même pas à l’église…
Et voilà Fabien Dubois, arrivé seul aux Philippines, repartant dans quelque temps avec Elmira et une petite crevette dans le pelochon du médecin… Bonne route, les amis. Et avant que notre route philippine s’achève, je vous la souhaite bien bonne cette vie de voyages et d’aventures qui s’ouvre devant vous !

Début février nous a sollicité plus que ce qu’il n’aurait dû… Une série d’événements pas trop cool dans la fondation nous ont obligé à mobiliser des énergies de soutient et de lutte qu’on aurait bien gardées entières pour le boulot seulement. Enfin j’espère qu’à l’heure qu’il est tout le monde va bien et aussi que les deux aventuriers mexicains crapahutent sombreros au vent… On pense à vous les zoulous, gardez le contact (et pas seulement pour me parler de Sarko ! Moi j’m’en fout je suis belge et j’ai mes papiers, héhé…).

Et puis est arrivés un moment très attendu par nous. Un passage charnière, une marque dans la ligne du temps de notre investissement aux Philippines : la venue des mamans.
Et bien que dire sinon que, comme tout le monde s’en doute, l’émotion des retrouvailles était intense. Bon, on avait prévu les mouchoirs mais nos pompes lacrymales se sont bien tenues dans l’ensemble…
Donc voilà Martine et Marinette, accompagnées de Josée et Patricia, en route pour une petite découverte du pays aux 7000 îles. On a pas voulu leur faire visiter Manille l’infernale dès le début. Alors, après des retrouvailles dans notre maison de Fabela street et un déballage de colis remplis de denrées et d’enveloppes pleines de surprises, on s’est fait un petit repas à l’alsacienne et on les a plantées dans leur hôtel pour quelques heures de repos avant le décollage des vacances.
Nous tenons à dire bien fort Merci tout plein pour les colis, les magazines, les lettres, les dessins, les cds et les soussous que nous avons reçus. Ca fait chaud dans le ventre et ça aide dans le temps pour tenir le coup quand c’est dur…
C’est comique, on regarde les gens qui arrivent ici pour la première fois et on se projette à notre arrivée en 2005… Les yeux qui ne clignent plus, les regards dans toutes les directions, les sens en éveil sous la décharge des stimulis nouveaux. Les repères sont modifiés et ça fait tourner la tête. Diba ?
On a pris l’avion pour Dumagete. Un atterrissage ensoleillé et un accueil de jeunes danseurs en habits local ont donné le ton des deux semaines qui allait suivre : dépaysement, découverte, coup de soleil et mitraillage de photos.
Ce premier jour a quand même été un peu remuant pour les 3 cinquantenaires pimpantes. Du bateau, du tricycles (dont un malheureux a callé le moteur sous la charge de deux blanches hilares, héhéhé), de bus (avec chargement de poules, de coq et autres trucs qu’on met pas dans les bus chez nous…). Après ces quelques heures de voyage en air, mer et terre, les 100 marches du Nuts huts ont bien failli avoir raison de nous. Mais vaillant et heureux, le petit groupe intergénérationnel a pu installer son QG dans des huttes en bambou, bercé par le bruit de la rivière, des gekos et autres grenouilles.
On avait déjà visité l’endroit avec Céline et Mike (comment allez vous les zamiches ?) mais il est vrai qu’y être avec nos mamans avait quelques choses d’un peu surréaliste et décalé. Et les langues de se délier, les histoires de se raconter, les questions de se poser, des corps de se reposer, des paysages se découvrir.
On a fait Bohol, Chocolate hills et tarsiers. Trips en bateau et tours en jeepneys… Puis on est allé à Siquior, l’île aux sorciers ou je me suis pris une journée trip solitaire en moto. Parce qu’avec toutes ces femmes, un peu de silence vroum vroum ça fait du bien, héhé.
On a bien mangé, on a encore visité, découvert et parlé parlé parlé. Les femmes se sont faites massées des pieds à la tête. On a hamacqué, lu, rien foutu, profité des couchers de soleil et puis on est parti vers Negros, dans le ressort de la copine Nicky.
Là, chacune a pu s’initier au joie du snorkeling et de la nage avec masque et tuba. Une grande première pour quelques unes, d’ailleurs.
Après 10 jours de ce régime, le retour à Manille a pu être quelque peu trash pour nos visiteuses. Mais toujours vaillantes et curieuses de découvrir une partie de la réalité de la capitale, elles ont accompagné Lily à Payatas.
Bon, j’peux pas parler à leur place mais je pense que l’expérience a du être gravée dans le cœur et dans la tête et qu’après les trips en province, une réalité moins drôlasse a été vue et touchée du bout des yeux. C’est ça aussi les Philippines : du contraste, parfois pas soutenable, entre des réalités sociales et économiques qui s’entrechoquent au quotidien.
Et puis le moment du départ est arrivé… Y’en a marre de voir cette entrée d’aéroport et d’être bloqué devant à chaque fois en se disant : « ben tiens, c’est pas encore pour maintenant, le moment de la franchir… »
Merci à vous les mamans et aussi à Pati et à Josée, d’être venues nous rendre visite et voir une partie de notre vie à Manille : C’est un super cadeau que d’avoir pu accueillir nos mamans dans ce parcours et cet engagement de deux ans.
Merci de votre soutien, votre attention et vos encouragements ! On est bientôt de retour plus trop loin de vous.

Pour ce qui est du boulot, ca taffe sec et dur. Le Rac reste un huis clos terrible au quotidien pour la centaine de personnes qui y sont recueillies.
On essaye de se tenir à notre programme d’intervention, appliquant en plus un savant mélange de professionnalisme, de patience, de coups de gueule, de frustration. On tente d’implémenter, de dégager des processus et d’intervenir correctement et en fonction des besoins réels analysés sur le terrain.
Mais parfois, on a l’impression de pousser seuls une pierre de plusieurs tonnes, se serrant les coudes dans les moments durs et réfléchissant nos process de travail avec distance. C’est pas rose tous les jours, ça ma foi je le savais, et on apprend un peu plus sur soi-même à chaque instant. Les limites, toujours les limites…
De mes limites en tant qu’humain, travailleur social et volontaire, de la conditions des enfants et des adultes dans la structure, des limites de ma capacité à gérer colères et frustrations face à la réalité et de redigérer tout ça en outil de travail efficace et réaliste. Ca chauffe les neurones et les tripes, Marcel !
Et on est pas encore sorti de l’auberge, mais on est sur la bonne route, j’en suis certain.
Et il faut se lever chaque matin et avoir la banane pour du vrai… Pas pour Virlanie, ni pour les travailleurs du Rac, mais pour chaque personne rencontrée lors de nos interventions. Et ça, c’est Kristel qui me l’a dit ! Et c’est bien vrai !
D’ailleurs, pour la maman de Kristel (parce que je sais que vous lisez ceci) : votre fille assure un max, vous pouvez être contente comme nous on l’est de l’avoir dans l’équipe !

Lily continue son méga bonhomme de chemin et vous racontera par le détail la suite de son travail dans les communautés. Et que dire, sinon que je reste encore super admiratif de ma nana. You rule baby plume ! (psss, hé, c’est bientôt son birthday à lily, alors faites pêter les commentaires et sa boite à message !!!)
D’ailleurs en parlant de Lily, y’a Nathou qui est là pour quelques temps. On pourra dire que l’on aura été gâté en visites, dis donc.

Voilà les amis, je pense que je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Je vous embrasse bien fort tout partout !
Au plaisir de vous lire tous autant que vous êtes !
On vous aime et on attend les retrouvailles avec impatience ! Et comme le chante EUROPE… Its the final countdown !

PS: Speciale dedicace au frangin... Bon anniversaire p'tite tete!!!!!